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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

DANTON.

Si l’audace est un crime, j’embrasse le crime, Président, je le baise à pleine bouche, et te laisse la vertu : les vaches maigres de Pharaon ne me font point envie. J’aime l’audace et je m’en vante : l’audace aux rudes étreintes, aux lourdes mamelles, où boivent les héros. La Révolution est fille de l’audace. C’est elle qui fit crouler les Bastilles ; c’est elle qui par ma voix lança le peuple de Paris contre la royauté ; c’est elle qui par mon poing saisit la tête coupée de Louis le Raccourci par ses grasses oreilles, et la jeta à la face des tyrans et de leur Dieu[P 1].

Le peuple approuve et s’agite.
LE PRÉSIDENT.

Toutes ces violences ne servent de rien. Je vous rappelle aux accusations précises, dirigées contre vous, et je vous invite à y répondre exactement, en ne sortant point des faits.

DANTON.

Est-ce d’un révolutionnaire comme moi qu’il faut attendre une réponse froide ? Mon âme est comme l’airain qui brûle dans la forge. La statue de la Liberté est en fonte dans mon sein. Et c’est moi qu’on veut enfermer dans une roue d’écureuil ! C’est moi qu’on veut astreindre à un questionnaire de catéchisme ! Je crèverai le filet dont vous voulez me lier ; mon torse brisera la chemise trop étroite. — On m’accuse, dites-vous ! Où sont-ils, ceux qui m’accusent ? Qu’ils se montrent, et je les couvrirai de l’opprobre qu’ils méritent[P 2] !

LE PRÉSIDENT.

Encore une fois, Danton, vous manquez à la représentation nationale, au tribunal et au peuple souverain qui a le droit de demander compte de vos actions. Marat fut accusé comme vous. Il ne s’indigna point contre ses accusa-


LE PEUPLE.
  1. Bravos.
  2. La plus grande partie de la foule approuve. David et ses voisins protestent.