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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

DANTON.

Imbécile ! tu nous coupes la tête ! Il l’embrasse[P 1].

On vient avertir Danton que son tour est venu. Il se lève et va vers le tribunal[P 2].
LE PRÉSIDENT, à Danton.

Accusé, vos nom, prénoms, âge, qualité et demeure.

DANTON, d’une voix retentissante.

Ma demeure ? Bientôt le néant. Mon nom ? Au Panthéon[P 3].

Le peuple frémit. Il parle, semble approuver ; puis brusquement, un silence absolu après les paroles du président.
LE PRÉSIDENT.

Vous connaissez la loi : répondez exactement.

DANTON.

Je suis Georges-Jacques Danton, âgé de trente-quatre ans, natif d’Arcis-sur-Aube, avocat, député à la Convention, domicilié à Paris, rue des Cordeliers.

LE PRÉSIDENT.

Danton, la Convention nationale vous accuse d’avoir conspiré avec Mirabeau et Dumouriez, d’avoir connu leurs projets liberticides, et de les avoir secrètement appuyés.

Danton éclate d’un rire de tonnerre[P 4]. Les juges interloqués, le peuple, et même les accusés, se penchent pour le regarder, puis sont pris par la contagion de son rire. La salle toit entière retentit des transports de cette joie homérique. Danton frappe du poing la barre devant lui.

LE PEUPLE.
  1. Une fille. — C’est égal, il est gentil tout de même !
  2. Une grande houle, dans le public, quand Danton se lève. Un bourdonnement de voix. — Voilà… Voilà…
  3. Un frémissement général.

    Un homme, enthousiasmé. — Hein ! crois-tu ? Hein !…

  4. Le peuple se tord de rire. Une frénésie de gaité secoue la foule toute entière.