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DANTON

VADIER, entr’ouvrant doucement le guichet de la porte, fait signe au général Hanriot, debout près de la porte.

Tout va bien, Hanriot ?

HANRIOT, bas.

Ça ira.

VADIER, désignant Fouquier et le tribunal.

Ils ne bronchent pas ?

HANRIOT, de même.

N’aie pas peur. J’ai l’œil.

VADIER.

C’est bon ; n’hésite pas ; et si l’accusateur fléchit, arrête-le.

Il referme le guichet.
HÉRAULT, regardant le peuple.

Comme le peuple nous regarde !

DANTON, honteux au fond, mais se forçant à rire.

Il n’est pas habitué à voir ce mufle sur le banc d’infamie ; ce n’est pas un spectacle banal : Danton escamoté par ces charlatans de la foire. Ha ! ha ! il faut en rire ![P 1]. — Regarde David, là-bas ; sa langue lui sort de la bouche, il bave de haine comme un chien[P 2]. — Tonnerre ! tiens-toi donc, Desmoulins ! Cambre-toi, que diable ! Le peuple a les yeux sur nous.

CAMILLE.

Ah ! Danton, jamais je ne reverrai Lucile !

DANTON.

Allons, tu coucheras avec elle, cette nuit.


LE PEUPLE.
  1. David, tirant un carnet de sa poche. — Laisse-moi faire, j’aurai sa gueule. Il dessine Danton.
  2. David. — Je veux que la postérité se torde devant sa face de singe.