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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

ROBESPIERRE.

Je dois donner l’exemple. J’abandonne Desmoulins.

VADIER, raillant en dessous.

Brutus, homme magnanime, homme vertueux, je savais bien que tu n’hésiterais point à te défaire d’un ami.

ROBESPIERRE.

Le sort de Desmoulins est lié à celui d’un autre homme.

BILLAUD.

As-tu peur de prononcer le nom de Danton ?

ROBESPIERRE.

J’ai peur de briser un talisman de la République.

VADIER.

Son porte-veine.

ROBESPIERRE.

Danton m’est ennemi ; mais si mes amitiés ne comptent point dans nos débats, mes inimitiés ne doivent pas davantage peser sur mes jugements. Avant d’engager le combat, discutons froidement les risques qu’il y aurait à démanteler cette forteresse de la Révolution.

BILLAUD.

Forteresse à vendre !

VADIER.

L’épouvantail de la Révolution ! Dans les dangers publics, on sort l’idole monstrueuse pour mettre l’ennemi en fuite ; mais elle fait surtout peur à ceux qui la portent. Sa figure hideuse effraie la Liberté.

ROBESPIERRE.

On ne peut nier que ses traits soient connus et redoutés de l’Europe.

VADIER, persiflant.

Il est vrai qu’en bon sans-culotte, il montre volontiers au monde