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DANTON

SAINT-JUST.

Mets la hache entre eux et toi. Il ne faut toucher les impurs qu’avec le fer.

ROBESPIERRE.

La corruption gagne tout. Des hommes sur qui je comptais le plus. D’anciens amis.

SAINT-JUST.

Point d’amitiés ! la Patrie.

ROBESPIERRE.

Danton menace. Danton est suspect. Il se répand en paroles violentes et injurieuses. Il s’entoure d’intrigants, de débauchés, de financiers ruinés, d’officiers cassés de leurs grades. Les mécontents de toute sorte se rallient autour de lui.

SAINT-JUST.

Que Danton disparaisse !

ROBESPIERRE.

Danton fut républicain. Il aima la patrie. Il l’aime encore, peut-être.

SAINT-JUST.

Il n’aime point la patrie, celui qui ne la respecte point par l’austérité de sa vie. Il n’est point républicain, celui qui a les vices et les maximes d’un aristocrate. Je hais Catilina. Son cœur cynique, sa lâche intelligence, sa politique ignoble, qui flotte entre tous les partis, pour se servir de tous, avilit la République. Que Danton soit frappé !

ROBESPIERRE.

Il entraîne dans sa chute l’imprudent Desmoulins.

SAINT-JUST.

Ce rhéteur effronté, pour qui les malheurs de la patrie sont matière à des effets de style, ce bel esprit vaniteux qui sacrifierait la Liberté à une antithèse !

ROBESPIERRE.

Un enfant, la dupe de ses amis et de son esprit.