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DANTON

ROBESPIERRE.

Je le sais.

LUCILE.

Mais qu’a-t-il fait ? Maximilien, quel est son crime ?

ROBESPIERRE.

Sa maison servait d’asile à un proscrit.

CAMILLE.

Il faisait son devoir.

ROBESPIERRE.

Le Comité a fait le sien.

DANTON, éclatant.

Jean-foutre, tu me provoques ! Ainsi, tu veux nous égorger tous, l’un après l’autre ? Tu ébranches le chêne de ses puissants rameaux, avant d’entamer sa poitrine ?… Mes racines s’enfoncent au fond de la terre, dans le cœur du peuple de France. Tu ne les arracherais qu’en tuant la République. Ma chute vous écrasera tous, et les rats immondes qui me rongent seront les premières victimes. Ma longanimité vous encourage ? La vermine me monte effrontément au corps… C’en est trop ! Le lion se secoue… Mais, petit bougre, tu ne sais donc pas que si je voulais, je t’écraserais dans mes doigts comme un pou ? Vive la guerre, puisque vous la voulez ! L’ardeur des luttes anciennes me remonte au cerveau. Cette voix trop longtemps comprimée va se faire entendre enfin, et lancera la nation à l’assaut des tyrans.

CAMILLE.

Nous monterons à l’escalade des nouvelles Tuileries. Le Vieux Cordelier va battre le pas de charge.

Robespierre, sans sourciller, se dirige vers la porte. Lucile, mortellement inquiète, incapable de parler, a disparu un moment dans la pièce voisine : elle revient précipitamment avec son enfant, et l’apporte à Robespierre.
LUCILE.

Maximilien !…

Robespierre se retourne, regarde le petit Horace, hésite un moment,