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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

CAMILLE.

Je croyais que ce spectacle te déplaisait.

HÉRAULT.

C’est pour apprendre à mourir.

Il sort. Lucile l’accompagne.



Scène III

DANTON, CAMILLE
DANTON, suivant des yeux Hérault.

Pauvre diable, il s’inquiète ; il me reproche mon inaction. Et toi aussi, Camille, tu as envie de me blâmer, je le vois dans ton regard. Va, ne te gêne pas, mon garçon. Tu me prends pour un lâche ? Tu crois que Danton sacrifie ses amis et sa gloire à son ventre ?

CAMILLE.

Danton, pourquoi ne veux-tu pas ?

DANTON.

Enfants, Danton n’est point bâti sur la mesure des autres hommes. Des passions volcaniques incendient cette poitrine ; mais elles ne font de moi que ce que je veux qu’elles fassent. Mon cœur a de vastes appétits, mes sens rugissent comme des lions ; mais le dompteur est là.

Il montre sa tête.
CAMILLE.

Quelle est donc ta pensée ?

DANTON.

Épargner la patrie. La sauver à tout prix de nos luttes sacrilèges. Sais-tu le mal dont meurt la République ? Elle manque de médiocrité. Trop d’intelligences s’occupent de l’État. C’est trop pour une nation d’avoir eu Mirabeau, Brissot, Vergniaud, Marat, — Danton, — Desmoulins, Robespierre. Un seul de ces génies eût fait vaincre la Liberté. Réunis, ils s’entre-dévorent, et la France est ensan-