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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

humain bien embarrassé : on le prive de son orateur ! La guillotine a du travail aujourd’hui. Quelles vendanges !

LUCILE, à son enfant.

Regarde, Horace, regarde ces coquins. Et le commandant Hanriot, qui galope avec son grand sabre, vois-tu, mignon ?

PHILIPPEAUX.

Il fait excès de zèle. Il devrait être sur la charrette, lui aussi.

CAMILLE.

On dirait une fête : le peuple est en liesse.

Au dehors, une clarinette joue un air grotesque. Le peuple rit à grand fracas.
CAMILLE.

Qu’est-ce que cela ?

LUCILE.

C’est ce petit homme bossu, près de la charrette, qui joue de la clarinette !

CAMILLE.

Ah ! la plaisante idée !

Ils éclatent de rire.
CAMILLE.

Pourquoi ne viens-tu pas, Hérault ? Cela ne t’intéresse donc pas ? Tu as l’air mélancolique. À quoi songes-tu ?

Le bruit s’éloigne peu à peu dans la rue.
HÉRAULT.

Je pensais, Camille, qu’Anacharsis a trente-huit ans, et Hébert trente-cinq ans, ton âge, Philippeaux ; et Vincent, vingt-sept ans, six ans de moins que moi, et que toi, Desmoulins.

CAMILLE.

C’est vrai.

Brusquement sérieux, il s’éloigne de la fenêtre et vient au milieu de la chambre : il reste un instant immobile, le menton dans la main.