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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

LE PEUPLE.

Tu es notre petite Liberté !

Ils tendent les bras vers elle. Les femmes lui envoient des baisers. Elle ferme les yeux d’émotion, mais sourit, et tend aussi les bras.
HOCHE, frappant sur l’épaule de Hulin, qui partage l’émotion de la foule.

Eh bien, Hulin ?… Éternel douteur, es-tu enfin convaincu ?

HULIN, s’essuie les yeux. — Entêté.

Oui, — quoique…

Les rires de Hoche et du peuple lui coupent la parole. Il s’interrompt, et rit plus fort que les autres. — Il s’arrête, regarde autour de lui, voit à l’encoignure de la première maison sur la place une statue dans une niche, statue de saint ou de Roi. Il va brusquement à elle, et la saisit.

À bas, toi ! Fais place à la Liberté !

Il la jette à terre, enlève dans ses bras la petite Julie, et la pose dans la niche, à la place de la statue.

La Bastille terrassée !… J’ai fait cela, moi ! Nous avons fait cela ! — Nous en ferons bien d’autres ! Nous allons nettoyer les écuries d’Augias, purger la terre des monstres, étouffer dans nos bras le lion de la royauté. Notre poing va battre le despotisme, comme le marteau l’enclume… Hardi, les compagnons, forgeons la République ! — Force trop longtemps comprimée, qui fais craquer ma poitrine, éclate, déborde ! Roule, torrent de la Révolution !

Musique. Orchestre seul. Marche héroïque. — Le soleil couchant baigne de sa pourpre la place, la foule, les rameaux verts, et la petite Liberté.
HOCHE.

Soleil, tu peux dormir, nous n’avons point perdu notre journée.

LA CONTAT.

Ses feux mourants rougissent les vitres du palais, les rameaux balancés, et la houle des têtes, et la petite Liberté.

HULIN.

Le ciel sonne la guerre.