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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION
tremblant, excité, et ahuri, agite son sabre gauchement, et salue avec sa couronne. La foule danse autour de lui, en chantant sur un air, populaire et burlesque : « Tu seras pendu, Gonchon, tu seras pendu, pendu !… »
DESMOULINS.

Le drôle se prend au sérieux. Étrillez-le !

MARAT, apaisé, et souriant de la joie de la foule.

Laisse-les rire. On ne hait plus, quand on est vainqueur. Le spectacle du vice n’est plus que ridicule. Que ce monstre grotesque leur dilate la rate !

Derrière Gonchon et le groupe des Étudiants, viennent des hommes du peuple, avec leurs instruments de travail : marteaux et tabliers de forgerons, coutelas de bouchers, cognées de bûcherons, faux, fléaux, etc. — Puis, précédée et enveloppée d’une immense acclamation, la petite Julie, debout, droite et immobile, un rameau à la main, sur la grande porte de la Bastille, que tiennent sur leurs épaules une douzaine d’hommes. Des chaînes de fer sont à ses pieds. Devant elle marchent Hulin et Hoche, — Hulin, tête nue, cou nu, en bras de chemise, une hache sur l’épaule, — Hoche, portant à la pointe de son sabre l’acte de capitulation de la Bastille.
DESMOULINS.

Les Dioscures ! Hoche et Hulin ! — Et la petite pucelle, qui foule de ses pieds nus le despotisme vaincu, la porte de la Bastille !

LE PEUPLE.

La capitulation ! — La clef ! — Les chaînes !

MARAT.

Les fers de l’Homme brisés !

DESMOULINS.

La cage est ouverte. Vole, oiseau-Liberté !

LE PEUPLE, reconnaissant les Suisses et les Invalides qui font partie du cortège.

Et ceux-là, qui sont-ils ? — Ce sont ces canailles de Suisses ! — Et ceux-ci, je les reconnais. Le régiment des éclopés. — Ha ! l’ennemi ! Tue-les !

Ils sifflent, et veulent frapper. — Hoche, Hulin et Marat s’interposent.