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LE 14 JUILLET

JULIE.

Frères ! Frères !…

LE PEUPLE.

Tous frères, elle a raison !

LES INVALIDES.

Vive le peuple !

LE PEUPLE.

Vive la vieille gloire !

LES INVALIDES, à Julie.

Petite, tu nous as sauvés !

LE PEUPLE.

Mais c’est elle aussi qui vous a vaincus, camarades. C’est ce petit atome qui a pris la Bastille.

MARAT.

Tu es notre bonne conscience !

LE PEUPLE.

Tu es notre petite Liberté !

Ils tendent les bras vers elle. Les femmes lui envoient des baisers.
HOCHE, frappant sur l’épaule de Hulin, qui partage l’émotion de la foule.

Eh bien, Hulin ?… Éternel douteur, es-tu enfin convaincu ?

HULIN, s’essuie les yeux. — Entêté.

Oui… quoique…

Les rires de Hoche et du peuple coupent sa phrase. Il s’interrompt et rit plus fort que les autres. Il regarde autour de lui, voit, à l’entrée de la cour, dans une niche pratiquée au mur, la statue du Roi. Il va brusquement à elle et la saisit.

À bas, toi ! Fais place à la Liberté ! — Il la jette à terre, enlève dans ses bras la petite Julie, et la pose dans la niche, à la place de la statue. La Bastille terrassée !… J’ai fait cela, moi ! Nous avons fait cela !… Nous en ferons bien d’autres ! Nous allons nettoyer les écuries d’Augias, purger la terre des monstres, étouffer dans nos bras le lion de la royauté.