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LE 14 JUILLET

VINTIMILLE.

Te voilà bien fier d’être battu !

L’INVALIDE, avec chaleur.

Nous ne sommes pas battus ! Jamais ils n’auraient pris la Bastille, si nous n’avions voulu qu’ils la prissent.

Ses compagnons l’approuvent.
VINTIMILLE.

Tu vas dire que c’est nous qui avons pris la Bastille ?

L’INVALIDE.

Il y a du vrai là-dedans.

VINTIMILLE.

Au fait… — À ton poste ! — Après un silence, haut. Ouvrez la porte… Baissez le pont-levis.

Quelques hommes ouvrent la porte, et baissent lentement le pont-levis, devant les vociférations grandissantes de la foule.
VINTIMILLE, méprisant.

Voici donc le nouveau Roi !

Le pont-levis est baissé. Une clameur formidable éclate. Une marée humaine se rue à l’ouverture de la porte, têtes hurlantes, hommes et femmes avec des fusils, des piques et des haches. Au premier rang, Gonchon, poussé, agite un sabre et crie. Hoche et Hulin se débattent en vain pour les calmer. — Cris de mort et de victoire.
VINTIMILLE, se découvre.

Messieurs, la Canaille.

QUELQUES INVALIDES, pris d’un brusque transport, agitent leurs chapeaux.

Vive la Liberté !

VINTIMILLE.

Eh ! messieurs, par pudeur !

LES INVALIDES, plus fort, avec un enthousiasme débordant.

Vive la Liberté ! — Ils se débarrassent de leurs fusils et se jettent dans les bras du peuple.