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LE 14 JUILLET

VINTIMILLE, saisi.

Qu’avez-vous, Contat ?

La Contat ne répond pas, mais se jette brusquement sur l’épée de Vintimille, l’arrache du fourreau, et veut l’en frapper. Les Invalides lui prennent les mains, la maintiennent malgré ses violents efforts.
VINTIMILLE, sans comprendre.

Vous vouliez me tuer ?

La Contat, sans parler, fait signe que oui. Elle le dévore des yeux avec une fixité féroce, et ne peut articuler un seul mot jusqu’à la fin de la scène ; mais elle tremble convulsivement, et halète comme une bête.
VINTIMILLE, troublé.

Vous perdez la raison… Que s’est-il passé ? Je ne vous ai rien fait. On a agi contre nos ordres. Vous l’avez vu vous-même… Me reconnais-tu bien, Contat ?… Elle fait signe que oui. Quoi ! tu me hais vraiment ?… — Même jeu. Parle-moi, ne peux-tu parler ?…

Il veut la toucher ; elle fait un mouvement furieux pour se retirer, se débat contre les soldats qui lui tiennent les poignets, et finit par tomber en arrière, dans une sorte de crise épileptique, — convulsée et hurlante. On l’emporte, on l’entend crier sauvagement au loin. — Au dehors, le peuple pousse des cris de mort
DE LAUNEY, atterré.

C’est une bête féroce… On ne la reconnaît plus.

VINTIMILLE.

Ce n’est pas elle. C’est quelque chose d’étranger qui s’est glissé en elle, une âme ennemie, le poison de cette foule, cette folie inconnue !… Pouah ! tout cela me dégoûte, ces fureurs que je ne comprends pas, ce vent de bestialité qui semble sortir des lointains monstrueux de l’humanité !

Les Suisses redescendent des tours avec de Flue.
DE LAUNEY, éperdu, va au-devant de de Flue.

Qu’avez-vous fait ? Qu’avez-vous fait ?