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LE 14 JUILLET

tocratique… Laissons l’honneur tranquille. — Je ne sais vraiment pas pourquoi je me bats ici. — Loyalisme ? Fidélité au Roi ? Nous sommes trop habitués à voir clair dans nos pensées, pour rester dupes des mots. Il y a longtemps que je ne crois plus au Roi. — Alors ? — Haussant les épaules. L’habitude, la convenance, le savoir-vivre ? — Oui, savoir qu’on est dans l’erreur, ne pas croire à ce qu’on fait, mais y apporter, jusqu’au bout, une correction et une élégance méticuleuse, qui sert à nous cacher l’absolue inutilité de nos actes.

Grand brouhaha. Les Suisses se replient précipitamment de la cour extérieure, avec de Flue et de Launey.
LES SUISSES.

Ils viennent !

VINTIMILLE.

Quoi ? Ils viennent ? Qui ? Le peuple ?… Impossible !

DE FLUE, sans répondre.

Vite ! levez le pont ! — Tonnerre !

DE LAUNEY.

Aux canons !

Les Suisses lèvent en hâte le pont-levis. Les Invalides roulent les canons en face de la porte. Immédiatement après, on entend la clameur de la foule se heurter et mugir comme un flot à l’enceinte de la cour.
VINTIMILLE, stupéfait.

Ils sont entrés ! Ils sont entrés vraiment ?

DE FLUE, soufflant.

Ouf ! — Il était temps ! — Gredins ! — À Vintimille. Croiriez-vous qu’ils ont réussi à faire tomber le premier pont-levis ! — Vous savez, la maison du parfumeur qui est à côté de l’entrée ?… Ah ! sacrebleu ! Je l’avais bien dit qu’il fallait brûler toutes ces tanières !… Ils étaient trois ou quatre sur le toit, des maçons, des couvreurs, ils se sont laissé