Page:Le Théâtre de la Révolution. Le Quatorze Juillet. Danton. Les Loups.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
105
LE 14 JUILLET

DE FLUE.

Tonnerre ! S’ils ne le savent pas, je le sais, moi. Cela suffit.

DE LAUNEY.

Vous ne pensez qu’au succès de la bataille, monsieur de Flue. Mais pour moi, c’est une autre affaire. Je dois songer aux conséquences. Toute la responsabilité repose sur moi. Sais-je ce qui plaît ou déplaît à la Cour, ce qu’elle veut que je fasse ?

DE FLUE.

Comment ! Vous ne savez pas où sont les ennemis du Roi ? Si nous sommes ici, n’est-ce pas par ordre de Sa Majesté, et si l’on nous attaque, n’est-ce pas Elle qu’on attaque ?

DE LAUNEY.

Personne n’est jamais sûr, avec l’indécision de Sa Majesté. Ses ennemis de la veille sont ses amis du lendemain. Je n’ai pas d’ordres, ou ils se contredisent. Les uns commandent : « Résistez jusqu’au bout ». Les autres : « Ne tirez pas ». Le prévôt Flesselles me fait dire en secret qu’il est avec moi et qu’il amuse le peuple. Au peuple, il dit qu’il m’amuse et qu’il est avec eux. Qui trahit-il ? Comment être certain qu’on ne mécontente pas la Cour, en croyant la servir, et qu’elle ne nous désavouera point ? Si elle voulait agir, n’en a-t-elle pas mille moyens ? Pourquoi M. de Breteuil, avec les troupes du Champ de Mars, ne vient-il pas prendre ces révoltés à dos ?

DE FLUE.

Oh ! ce serait vraiment admirable. Quelle compote !

VINTIMILLE, à de Launey.

Mon cher, soyez vainqueur, et vous aurez toujours raison.

Il va s’asseoir dans un coin de la cour à l’ombre.
BÉQUART, qui lui a porté son fauteuil.

Monseigneur, vous n’avez pas votre entrain habituel des jours de bataille.