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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

LA CONTAT.

Il est toujours temps pour l’amour.

HOCHE.

On vous l’a trop fait croire. Vous vous imaginez que notre Révolution va verser dans une histoire galante ? Ah ! petites femelles ! depuis cinquante ans que vous êtes habituées à tout gouverner en France, que tout est ramené à vous, à vos caprices, à vos mignardises, il ne vous vient pas en tête qu’on puisse faire passer d’autre objet avant vous ? Les jeux sont finis, madame. C’est une partie sérieuse, dont l’enjeu est le monde. Place aux hommes ! Si vous l’osez, suivez-nous dans la bataille, soutenez-nous, partagez notre foi ; mais sacredié ! n’allez pas la troubler ! Vous ne pesez pas lourd à côté d’elle. — Sans rancune, Contat ! Une passade, je n’ai pas le temps. Un amour, mon cœur est pris.

LA CONTAT.

Par qui ?

HOCHE.

Par la Liberté.

LA CONTAT.

Je voudrais bien savoir comment cette fille est faite.

HOCHE.

Un peu comme toi, je me figure. Bien saine, bien bâtie, blonde, ardente, audacieuse, mais débarbouillée de ton fard, de tes mouches, de tes afféteries, de tes ironies, agissant au lieu de railler ceux qui agissent, soufflant aux hommes au lieu de tes fadeurs provocantes et de tes sous-entendus équivoques, des paroles de dévouement et de fraternité. De celle-là, je suis l’amant. Quand tu seras celle-là, tu m’auras. Voilà ma déclaration !

LA CONTAT.

Elle me plaît. Je t’aurai. — Allons nous battre ! — Elle arrache un fusil à son voisin, et déclame au peuple, avec un enthousiasme joyeux, quelques vers de Cinna.

Ne crains point de succès qui souille la mémoire !
Le bon et le mauvais sont égaux pour ta gloire ;