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l’épaule droite, passait sous l’épaule gauche, revenait sur la droite et pendait le long du dos. Auprès de lui était un homme couvert de deux peaux de chèvres, une devant, l’autre derrière. Elles étaient nouées par les pattes, sur les épaules, les autres pattes tombant entre les cuisses, le poil rude tourné contre la chair, le tout serré à la ceinture par une guirlande de tamnus (1), ou vigne noire, garnie de ses feuilles.

Cet homme, les joues gonflées, jouait de la double flûte champêtre, appuyé contre le tronc noueux d’un arbre fendu par la vétusté, complètement creux et crevassé, aux rameaux écartés et rares garnis de feuilles. Sa chevelure négligée était ceinte de feuillage. Du côté opposé se trouvait un autre personnage tenant sur ses épaules robustes un vase penché dont l’orifice était dirigé vers la tête cornue et laissait échapper du vin. Près de lui se voyait une matrone décoiffée, aux cheveux dénoués, nue comme ce verseur de vin, et en larmes. Elle maintenait une torche dont la flamme Vitis nigra ou couleuvrée noire. Bryonia nigra de la pharmacie. (Pline, XXI, 15 ; Deville, Hist. plant., II, p. 558.) (1)