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gère se montra sur la joue pâle de la jeune fille, et son œil brilla un instant de son ancien éclat. Le disque doré semblait reposer sur le sommet verdoyant de la montagne, et lançait des flots de lumière que la vue avait peine à supporter. Tous les objets recevaient la réflexion de ses rayons ; les rapides se peignaient des riches couleurs du prisme que l’on voyait changer de nuance à chaque mouvement des vagues, la dernière nuance paraissant toujours la plus belle. Aimée se promena le long du rivage jusqu’au moment où cette pompe de lumière et de couleurs commença à se ternir ; alors, fatiguée de sa course, elle s’étendit sur le gazon à l’ombre d’un bouquet d’arbres dont les branches s’étendaient sur les flots, et bientôt, bercée par leur bruit monotone, elle s’endormit d’un tranquille et profond sommeil. Assise près d’elle, Maraka observait avec douleur les changemens qu’un si court espace de temps avait produits sur ces belles formes, et se rappelait par une liaison d’idées bien naturelle, les événemens de la nuit fatale où la mort d’Eugène avait porté le premier coup à la vie et au bonheur d’Aimée. Cependant elle fut détournée de ces tristes pen-