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ses tresses noires et soyeuses des guirlandes du buisson écarlate ; d’autres fois elle la surprenait par un festin champêtre, ornait la table de fleurs, et la couvrait de tout ce que l’île produisait de meilleur, la prune rouge et sucrée du Canada, un nombre infini de baies délicieuses, le lait de leurs chèvres, et les rayons de miel qu’elle avait trouvés dans les fentes d’un rocher ou le creux d’un arbre mort. Aimée payait ces soins maternels par de mélancoliques sourires ; mais un ver rongeur dévorait cette jeune plante, et chaque jour on la voyait décliner plus rapidement. Sa démarche était lente et faible, ses yeux baissés vers la terre avaient perdu toute leur vivacité ; on pouvait discerner chacune de ses veines à travers sa peau transparente. Pendant le jour, elle cherchait les plus obscures retraites, et souvent la nuit elle quittait sa couche, que le sommeil fuyait, pour aller prier à la grotte de la Vierge. Un mois se passa ainsi. Aimée avait annoncé sa fin prochaine et désigné la place de son repos, sous le sycomore de la fontaine. Déjà elle ressemblait bien plus à un esprit bienheureux, qu’à une beauté mortelle. Sa figure, toujours aussi ravissante, avait totalement changé de caractère. Au lieu de