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les habitans superstitieux des pays environnans l’ont appelé l’île du Diable.

Dès l’enfance, Aimée l’avait connue sous le nom plus aimable de l’île des Fleurs, et sa nourrice lui avait montré à naviguer à travers les brisans pour arriver au seul point abordable de cette belle solitude. Au temps de la domination des sauvages, le père de Maraka, considéré dans sa tribu comme un grand magicien, découvrit ce point accessible : il ne communiqua sa découverte à personne, et la facilité avec laquelle on le voyait franchir la formidable barrière que l’on jugeait insurmontable, confirma tout ce que l’on croyait sur sa puissance surnaturelle. Pour conserver son importance et son crédit, il établit sa demeure dans les retraites les plus profondes de l’île, et n’en sortait que pour en recevoir les dons et les hommages que ses simples compatriotes venaient en foule lui offrir sur la rive opposée dès qu’ils apercevaient son canot sur les eaux. Cet homme mourut, et Maraka, son unique enfant, restée dépositaire de son secret, ne le confia qu’à sa fille d’adoption ; et bien que plusieurs eussent cherché le passage depuis la mort du magicien, comme la plupart furent entraînés par