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course le faubourg Saint-Antoine, alors composé de quelques maisons éparses, Aimée entra dans un étroit sentier qui conduisait au point le plus élevé du mont Royal. Elle s’assit sur l’une des saillies de la roche escarpée qui terminait la montagne en cet endroit, et dominait les bois dont elle était couverte à cette époque. Le soleil avait disparu ; mais le long et délicieux crépuscule de ces climats donnait encore à tous les objets ses teintes dorées, et répandait sur le paysage une douce sérénité.

Sous l’influence bienfaisante de cette belle et tranquille nature, Aimée sentit son cœur moins agité, et se livra à des pensées consolantes. Au-dessous d’elle s’étendait la ville, avec ses longues rangées de maisons grises, les murs plus élevés de ses couvens, les tourelles-des Récollets, que l’on distinguait au milieu des ormes gigantesques de leur cloître, et le brillant clocher de NotreDame qui dominait sur tout le reste, surmonté de la croix, s’élançant comme un phare vers le ciel. Les couleurs françaises, qui devaient sitôt être remplacées par le drapeau anglais, flottaient sur la citadelle, que l’on vient de détruire pour construire de nouvelles rues, et sur d’autres bas-