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prière, tu as parlé le langage de la contrition, de la soumission, prends garde maintenant de souiller cette terre sacrée par les larmes d’une passion terrestre. »

— « Mon père, ne me reprochez pas ces larmes, » dit la malheureuse fille d’une voix entre-coupée, « Dieu les permet ; c’est lui qui m’a affligée, pourrait-il briser dans sa colère le faible roseau sur lequel sa main s’est appesantie ? »

— « Sa bonté est immense, ma fille. Je voudrais te faire sentir que, s’il t’a châtiée, c’est peut-être pour te rappeler à lui, à des devoirs qu’un attachement mondain a pu te faire négliger ; peut-être, en frappant ton idole-, a-t-il voulu vous convaincre l’un et l’autre de votre impuissance, de votre néant. »

— « Mon père, Dieu a formé mon cœur pour les tendres affections, pourquoi me punirait-il parce que j’aurais cédé aux émotions innocentes dont il m’a rendu susceptible ? Jamais je n’ai négligé mes devoirs envers lui. Chaque matin ma première pensée est pour mon créateur, chaque soir ma dernière action est une prière ; l’idée d’un Dieu protecteur s’est toujours mêlée à mes rêves de bonheur futur. »