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d’Aimée. À la vue de cette bague qu’il savait avoir été donnée par Eugène à son amante comme un gage de sa fidélité, les doutes du bon prêtre cessèrent, et il n’attendit pour aborder la jeune femme que la fin de sa prière. En ce moment, elle en prononçait les derniers mots presque à haute voix, « Dieu puissant,» disait-elle, « tu peux le sauver ! Vierge sainte, prie pour moi, ferme la tombe qui s’ouvre pour le recevoir !» Se relevant alors, elle jeta son voile en arrière, et découvrit un visage qui, même dans l’affliction et les larmes, était rayonnant d’une angélique beauté. Elle se croyait seule avec Dieu ; mais quand elle aperçut le moine, une paleur livide couvrit ses joues, et fut suivie aussitôt d’une vive rougeur. L’excellent homme avait été un père et pour elle et pour son amant ; elle lisait sur sa figure vénérable la pitié que lui inspiraient leurs infortunes, et ne pouvant résister à sa douleur, ses sanglots redoublèrent, et elle tomba sans force sur les marches de l’autel. Le père Clément, vivement touché, accourut vers elle, et l’aida à se relever.

— « Ma fille, » dit-il, « tu viens de te recommander à la divine miséricorde par une humble