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bande de Mohawks, de l’autre côté du fleuve, et qu’il fut ramené ici blessé, mourant et prisonnier.

Il ne pouvait parler, et malheureusement l’on trouva sur lui des lettres des généraux anglais, dans lesquelles il était invité à joindre leurs drapeaux victorieux ; et ces lettres, bien qu’elles ne renfermassent rien qui prouvât son consentement à ce qui lui était proposé, furent considérées comme des preuves de sa trahison. On récusa le témoignage d’un serviteur fidèle qui ne l’avait point quitté depuis sa fuite : il déclarait qu’après être partis de Montréal pour rejoindre l’armée française, son maître et lui furent pris par des Mohawks, qui les retinrent captifs, en leur promettant de jour en jour de les conduire à Québec, jusqu’à ce qu’enfin, dans une rencontre avec une nation ennemie des Mohawks, M. de Bougainville reçut les blessures que l’état dans lequel on le voyait devait faire juger mortelles. Le gouverneur croit cette déposition vraie ; mais l’opinion publique s’est d’abord prononcée avec tant de force contre son pupille, et tant de circonstances lui sont défavorables, qu’il craint d’être accusé de partialité s’il refuse de sévir contre lui.