Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/391

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passion violente, et s’efforça d’enlever son cœur à son ami par tous les moyens possibles. Quand il se vit repoussé avec mépris, il ne cessa point ses persécutions, et pour se venger de son rival, tâcha d’exciter en lui des soupçons sur la fidélité de sa maîtresse. Bougainville endura ses attaques, pendant quelque temps, avec assez de patience. Mais un jour, à la table de M. de Vaudreuil, du Plessis osa se permettre des mots injurieux pour la réputation d’Aimée, et l’indignation de son amant ne put se contenir davantage. Il se leva, et sans considérer ce qu’il devait à des officiers, ses supérieurs en grade et en âge, il s’approcha de l’offenseur, l’œil en feu, le bras levé, et l’aurait terrassé, si les assistans ne l’eussent arrêté. La voix de M. de Vaudreuil le rappela à lui-même ; mais ne pouvant se rendre maître de sa colère, il sortit et fit sommer du Plessis de lui faire raison, les armes à la main, des faussetés qu’il avait avancées. Ils se battirent, du Plessis reçut dans la poitrine un coup d’épée et tomba en déclarant qu’il avait parlé comme un vil calomniateur. Malgré cet aveu qui prouva ses torts, sa famille et ses amis, indignés de sa mort, demandèrent le sang de son meurtrier, et en appe-