Page:Le Salmigondis tome 1 1835.djvu/390

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aimer d’elle. Les défenses de la supérieure, les reproches de M. de Vaudreuil ne purent empêcher ces deux amans de se voir, de s’écrire, de se promettre une éternelle fidélité. La supérieure n’osait employer avec Aimée des mesures trop sévères, sachant trop bien qu’elle n’hésiterait pas à fuir dans les déserts, aussitôt qu’elle pourrait craindre que I’on n’attentât à sa liberté. On continua donc de lui permettre, comme elle y avait été accoutumée, de passer plusieurs heures dans le jardin ou dans le salon de la supérieure, avec un livre ou quelque ouvrage, au lieu de se joindre aux travaux des sœurs dans l’intérieur du couvent. Tous les visiteurs que la curiosité ou des affaires amenaient à l’Hôtel-Dieu, avaient ainsi occasion de la voir, et un grand nombre y étaient attirés par la réputation de sa merveilleuse beauté. Elle inspira de l’amour à Eugène de Bougainville, et malheureusement aussi, à Augustin Duplessis, ami du premier. Dès lors toute amitié cessa entre les deux jeunes hommes, et fut remplacée par la haine. Du Plessis, impétueux et dénué des principes d’honneur et de délicatesse qui eussent dirigé Eugène dans les mêmes circonstances, conçut pour Aimée une