Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/9

Cette page a été validée par deux contributeurs.


JOSEPH AUTRAN



À UNE VIEILLE SERVANTE


Reste ainsi, ne fais pas un geste,
Ne quitte pas ton escabeau ;
Poursuis ta besogne modeste,
A côté d’un pâle flambeau.

Mon cœur est plein, mon œil se mouille,
Lorsque, seule et baissant les yeux,
Je te vois filer ta quenouille
À ce foyer silencieux.

Les obscures vertus de l’âme,
Le dévoûment et la bonté,
Prêtent au front de l’humble femme
Je ne sais quelle majesté.

Les longs jours ont creusé ta tempe ;
Tes yeux, tristes et doux à voir,
Ont l’éclat voilé de la lampe
Que tu m’allumes chaque soir.