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LES MAGNOUNS

DE L’ILE DE PHILŒ

SONNET

III


La cataracte au ciel lance sa blanche écume,
L’éther bleuit les rocs où l’onde a ruisselé,
Et du soleil couchant la pourpre qui s’allume
Forme un dôme de flamme au temple de Philœ.

Groupe effrayant (en bronze on le dirait coulé)
Que la fatalité forgea sous son enclume.
Échevelés, hagards, nus, l’œil plein d’amertume,
Trois Magnoûns sont assis sur un pic isolé.

Leurs doigts noirs et crochus tissent de longues herbes,
Dure couche où, la nuit, s’accroupira leur corps…
— Sur le Nil, au delà des Pylônes superbes,

Souriant à travers ces sauvages décors,
L’Impératrice passe et s’éloigne acclamée…
— Les Magnoûns méprisants disent : « C’est une Almée ! »

Haute-Égypte, 1869.