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HENRI CAZALIS

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FORÊT, LA NUIT



Silencieuse horreur des forêts sous la nuit,
Chênes, rochers muets qui vous dressez dans l’ombre,
Bleus abîmes du ciel, gouffre tranquille où luit
Le fourmillement clair des étoiles sans nombre !

J’erre terrifié, les yeux fixés sur vous,
Voulant percer toujours les ombres où nous sommes,
Mais tous vous demeurez, interrogés par nous,
Sans réponse jamais aux questions des hommes !

O fantômes, quelle âme habite en tous vos corps ?
Chênes, notre sang rouge est frère de vos séves ;
Vous qui vous nourrissez des débris de nos morts,
Que vous sert de dormir si vous dormez sans rêves ?