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L’ÉPREUVE



« Fils, avec le Kourèn ce soir tu partiras :
Les Tatars ont brûlé sur le Don un village.
Mais avant, fils, je veux, robuste malgré l’âge,
Par moi-même éprouver la force de ton bras. »

La houppe de cheveux flotte sur leur cuir ras,
Ils déposent leurs peaux de buffle au noir pelage,
Arrêtent près du camp leur pesant attelage,
Et, dans la steppe immense, on entend deux hourras :

Ils se chargent, pareils à deux taureaux de race,
Et le père, saignant, au fils qui le terrasse :
« Va ! — Je suis fier des coups que ton bras a frappés.

Le camp s’agite au bruit des timbales, et gronde
Comme un guêpier autour des chariots équipés :
Va ! — Que la race slave essaime sur le monde ! »