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Si jadis dans le cours de tes heures troublées,
La femme fut amère à ton cœur sans détour,
Bien d’autres à présent, furtives et voilées,
Viennent chercher ton nom dans les vertes allées,
Et rêver sur ta tombe aux choses de l’amour.

Et pendant ce temps-là frissonnant autour d’elles,
Libre et purifié sous un ciel radieux,
Tu prends part dans la brise aux noces éternelles,
Et passant comme l’air dans les feuilles nouvelles,
Tu mêles ta grande âme avec l’âme des dieux.

— Aussi lorsqu’en tremblant j’interroge ta cendre,
Ce n’est pas, crois-le bien, pour te justifier.
Si j’ai redit ton nom, c’est que j’aime à l’entendre,
C’est que ton souvenir laisse le cœur plus tendre,
Poëte, — et qu’il est doux de te glorifier.




LE MOÏSE DE MICHEL-ANGE


Comme il fut triste et beau le destin de Moïse !
Pour lui, Dieu fut terrible et les hommes ingrats,
Et sans se plaindre un jour sa douleur s’est soumise ;
Et jamais vers le ciel il n’a tendu les bras,