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Va, revient, court, veut fuir le grand carnage épars ;
Mais toujours plus sanglant, s’étend de toutes parts
Sous les frissons vermeils du brouillard qui s’effraie,
Le deuil rouge, éclairé par une énorme plaie !

Il cessa de couler, pourtant, le hideux flux !
L’homme, était-il vengé ? L’astre ne saigna plus.

Du levant au ponant, des profondeurs au faîte,
Sous le ciel rassombri la blancheur s’est refaite ;
Certes aux jours marqués pour ses retours fréquents
L’astre polaire, au loin, sur d’anciens volcans,
Se lève, mais spectral et pâle, et, sans colère,
Dessillant dans la brume un œil crépusculaire.
Dans la lividité du minuit persistant,
L’île blafarde, au loin solitaire, s’étend,
Jusqu’à ce que les nefs de l’antique pilote,
Dans l’orageux chaos où leur désastre flotte,
Rompant l’ancre scellée aux rocs des vieux destins,
Marquent, l’homme étant mort sous les soleils éteints,
Le terme pour ce globe et ses vides demeures
De l’immémoriale antiquité des heures.