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Qu’est-ce donc qu’a la nuit ? un lent reflux circule
Dans la paix du livide et stagnant crépuscule ;
Et comme soulevé par des ensevelis
Le blanc linceul du Nord s’émeut en ses grands plis.
C’est qu’une rougeur naît, vers l’est, dans la pénombre ;
Tel transpire un rayon du sépulcre moins sombre,
Quand le ressuscité qui traîne un long lambeau
Lève sur les degrés la lampe du tombeau !

La rougeur s’épaissit, s’élargit, veut éclore,
Pousse, opaque rondeur, les ombres, croît encore,
Plane ! et domine au loin les polaires pâleurs.

C’est le soleil nocturne, effroi des loups hurleurs !

Sur un blême sommet d’où la nuit se reploie
L’astre, pesant, séjourne, et, large et plein, rougeoie.
Fuite blanche, une brusque avalanche, par bonds,
Roule, revient, ressaute et croule aux vals profonds :
L’orbe morne, vermeil dans l’ombre refoulée,
Dégorge sur la neige une rose coulée.


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