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Mais quel penser semblable aux bêtes de carnage
Rôde en ton sombre cœur sous le toit que j’outrage ?

SNORRA.

J’ai dressé, pour ce jour, le faucon de la mort.

AGNAR.

La femme rêve au mal pendant que l’homme dort.

SNORRA.

Attends-tu que le bloc de glace, qui surplombe,
Croulant, fasse au vieillard un couvercle de tombe ?
Ou que le bord fangeux qu’on sent trop tard plier
Vers le geyser lui creuse un rapide escalier ?

AGNAR.

Cesse de me tenter, femme aux sombres amorces.

SNORRA.

Il revient, le pêcheur de phoques et de morses,
Le vieil époux, visqueux d’eau marine, cassé
Sous le fardeau puant du poisson dépecé,
Et sa barbe essuîra, d’huiles rances infecte,
Ma bouche que le sang de tes baisers humecte
Ah ! le bloc au glacier tient trop ferme pour choir,
Le vieux minuit n’a pas de brouillard assez noir
Pour qu’à des yeux rusés le gouffre ouvert s’y cache :
Mais ton bras est robuste, et j’aiguise ta hache !