Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/259

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Psalmodient un verset funèbre. Au loin, la foule
Se coudoie et se pend aux arbres pour mieux voir.
Le silence profond, dans le calme du soir,
Est à peine troublé par quelques sourds murmures,
Et le soleil couchant fait briller les armures.
Bientôt le réformé, sur un noir tombereau,
Apparaît debout, seul, revêtu d’un sarrau,
Ainsi qu’un parricide et les mains enchaînées.
Le front nu, ses cheveux blanchis par les années
Lui font une auréole. Il sourit, calme et fort.
D’un regard pacifique il contemple la mort ;
Et le sombre cortége arrête enfin sa marche.
A l’aspect du vieillard, beau comme un patriarche,
Dans la foule circule un long tressaillement.
Lui, descend noble et fier, sans aide et gravement
Franchit l’étroit chemin qui le mène à la tombe.
Soudain l’exécuteur fait un faux pas, et tombe.

Alors, penché vers lui, simple comme un héros :
« Ne vous êtes-vous point blessé ? » lui dit Brugière.
Puis, il marche au bûcher et se livre aux bourreaux.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Et son âme monta libre vers la lumière !