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Pour ses crimes, erreurs, maléfices, blasphèmes,
Maudit par Rome et plus méprisable qu’un Juif,
Il devait, dans Yssoire, être ars et bruslé vif.


III


Le moment du supplice est venu. Sur la place,
Se pressent bourgeois, clercs, nobles et populace,
La soirée étant belle et le ciel azuré.
L’heure fatale est proche, et tout est préparé.
Ainsi que le prescrit la suprême sentence ;
Au milieu du marché se dresse la potence
Exécrable, où la veille on pendit un voleur.
Mais, pour Brugière, il faut prolonger la douleur.
Une chaîne de fer s’enroule à la poulie,
Afin que fortement l’exécuteur le lie,
Et qu’il soit suspendu vivant sur le bûcher.
Une torche allumée est aux mains d’un archer.
Alentour, des soldats armés de hallebardes
Forment la haie. A droite, entouré de ses gardes,
Le lieutenant du roi, d’un air indifférent,
Cause avec le seigneur bailli de Montferrand.
Qu’est-ce donc après tout que de brûler un homme ?
A gauche, le prélat inquisiteur de Rome
Regarde impatient, sous un dais brodé d’or,
Le bûcher que le feu n’embrase pas encor.
Des moines près de lui, mornes sous leur cagoule,