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Du Kathare hérétique, impur, lâche, hypocrite,
Et des peuples souillés par son attouchement ;
Et tous ont entendu mon appel véhément.
Non que l’unique amour de Jésus les attire :
Ils vont à la curée et non pas au martyre ;
Mais il importe peu que le flot déchaîné
Soit impur, s’il fait bien le travail ordonné ;
Si, de la sainte Église embrassant la querelle,
Prince hors du palais, baron de sa tourelle,
Bourgeois de son logis et routier vagabond,
Comme un torrent gonflé par la neige qui fond
S’épandent à travers la Provence infidèle
Afin que rien n’échappe et ne survive d’elle.
Que j’entende, Jésus ! flamber les épis mûrs,
Rugir les mangonneaux et s’effondrer les murs ;
Les cadavres damnés, rouges de mille plaies,
Nus et les bras ballants, tressauter sur les claies
Aux longs cris d’anathème éclatant dans les cieux !
Que j’entende hurler les jeunes et les vieux
Et râler sous mes pieds cette race écrasée !
Que la vapeur du sang lave de sa rosée
Ce ciel qu’ils blasphémaient dans leur impunité,
Cet air, pur autrefois, et qu’ils ont infecté,
Et ce sol qu’ils souillaient comme des immondices,
Et qu’ils meurent têtus, pour que tu les maudisses,
Jésus ! — Debout ! voici l’heure d’agir. Allons !
Debout ! Troussez le froc qui vous bat les talons ;
Laissez les vieux prier pour la proche victoire,
Et la croix d’une main, la torche expiatoire