Page:Le Parnasse contemporain, III.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



PENDANT LE SIÉGE


Je regarde sortir les gamins de l’école.
Tatoués d’encre, et gais, ils traînent en marchant
Sur les trottoirs jaunis par le soleil couchant,
Quelque livre en lambeaux qu’unit en vain la colle.

A cloche-pied, avec des cris aigus, les grands
Exécutent les pas d’une sauvage danse ;
D’autres, les tout petits, abandonnent les rangs,
Pour boire avec délice un reste d’abondance.

Les chers insoucieux ! — En écoutant leurs voix
Joyeuses, éclater sous le doux ciel d’automne,
Nul ne se douterait que, là-bas, dans nos bois,
La guerre fait son œuvre horrible et monotone

Si, — dans la troupe folle en rupture de bancs,
Parmi des habits faits à toutes les épreuves,
On n’apercevait pas, hélas ! beaucoup d’enfants,
Un peu pâlots, vêtus de blouses noires, neuves.