Ah ! que ce grain béni garde, touchant emblème,
Les dons du sol qui l’a porté,
Et qu’il fasse germer dans nos champs qu’il ressème
La liberté, l’humanité !
Tout est dit maintenant, ô Suisse vénérée !
J’ai déchargé mon cœur d’une dette sacrée,
Et peut-être allégé celle de mon pays.
Ah ! si la France heureuse un jour pouvait te rendre…
Non ! Puisses-tu n’avoir jamais à te défendre
Sur tes fils massacrés et tes champs envahis !
Reste toujours heureuse et grande ! Oui, j’ai dit grande :
On est grand par le cœur ; la Suisse et la Hollande
L’ont prouvé toutes deux en défendant leurs droits.
Athène et la Judée étaient-elles petites ?
La force n’y fait rien pas plus que les limites.
On peut-être puissant et petit à la fois.
Continue à montrer à l’Europe attardée
La force du bon droit, la grandeur de l’idée ;
Que la liberté seule a des fruits savoureux ;
Que par ses sages lois toujours tu te gouvernes,
Et que c’est à ce prix que les peuples modernes
Peuvent être puissants et se trouvent heureux.