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C’est que la liberté mère des sacrifices,
Au lieu du faste impur et des grandeurs factices
Qui s’écroulent au premier choc,
Donne seule aux États une base immuable.
Les despotes d’un jour bâtissent sur le sable ;
Le peuple bâtit sur le roc.

Le peuple est éternel comme l’eau d’une source ;
Les générations se suivant dans leur course
Accumulent leur long travail ;
Un monde peut sortir de ces efforts sans trève :
Voyez ! Avec le temps le Madrépore élève
Tout un continent de Corail.

Tu t’es ainsi fondée assise par assise ;
Ton peuple, cinq cents ans fidèle à sa devise,
N’eut pour but que le bien commun.
Et, quoique à l’étranger de son sang trop prodigue,
Il étendit toujours sa frontière et sa ligue,
Au cri d’un pour tous, tous pour un.

Dès ton adolescence, ô Suisse ! tu fus grande ;
Et ta première histoire est presque une légende.
Du Grutli le pacte immortel
Sur l’Océan des jours comme une arche surnage,
Et l’écho de tes lacs redira d’âge en âge
La flèche de Guillaume Tell.

Comme Hercule au berceau, ta main rude et loyale