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VERS

EXTRAITS D’UN POEME D’AMOUR


Comme nous revenions du Bois, un soir de mai,
Un de ces tièdes soirs où notre âme amollie
Se laisse aller au fil de la mélancolie,
Pour s’être trop mirée aux yeux de l’être aimé,

Elle s’assit, très-triste, au fond d’une causeuse ;
Et sur le velours sombre et vert, son front pâli
Ressortit lumineux dans un jour affaibli,
Le jour mystérieux et doux d’une veilleuse.

Selon son habitude elle était tout en noir,
Ayant mis, pour me plaire, une robe de soie,
Celle dont les froufrous me causaient tant de joie
Lorsque je l’entendais arriver chaque soir.

Ses bras sveltes sortaient des manches évasées
Et, de ses doigts fluets, des aromes subtils
S’exhalaient, comme font les parfums des pistils
— Et la lune parut à travers les croisées…