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Tu l’as gardé dans ta mémoire
Comme un mystérieux trésor,
Comme ces fleurs, dans une armoire,
Dont le parfum s’exhale encor.

De chaque enfant, de chaque maître,
Tu te complais à discourir ;
Tu sais la chambre où tu vis naître,
Et la chambre où tu vis mourir.

Voilà pourquoi je te contemple,
Le cœur et les yeux attendris,
Dernière colonne du temple
Qui jonche le sol de débris.

De tout ce passé que je pleure,
De l’âme même des parents,
En toi quelque chose demeure :
Je le retrouve et le reprends.

Quand tu vas effleurant la dalle,
Près du foyer, soir ou matin,
Le bruit même de ta sandale
Semble un écho du temps lointain.

Va, je t’aime, âme simple et grande,
Toi qui ne sus jamais haïr ;
Je t’aime, et moi qui te commande,
Je me sens prêt à t’obéir !