Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et la femme dont l’œil est un ciel plus petit
Mais aux rayons plus doux que ceux des astres mêmes,
Afin qu’humble & ravi, tu m’adores & m’aimes,
Je te les donne, ainsi que le nom qui te sied. »

L’homme cria : « Pourquoi m’as-tu poussé du pied ? »




II

LE CONSENTEMENT


Ahod fut un pasteur opulent dans la plaine.
Sa femme, un jour d’été, posant sa cruche pleine,
Se coucha sous un arbre au pays de Béthel,
Et, s’endormant, elle eut un songe, qui fut tel :

D’abord il lui sembla qu’elle sortait d’un rêve
Et qu’Ahod lui disait : « Femme, allons, qu’on se lève.
Aux marchands de Ségor, l’an dernier, j’ai vendu
Cent brebis, & le tiers du prix m’est encor dû.
Mais la distance est grande & ma vieillesse est lasse.
Qui pourrais-je envoyer à Ségor en ma place ?
Rare est un messager fidèle & diligent.
Vas, & réclame-leur trente sicles d’argent. »
Elle n’objecta point le désert, l’épouvante,
Les voleurs. « Vous parlez, maître, à votre servante. »