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Mais les Dieux de l’amour & ceux dont la puissance
Préside à l’hyménée, ainsi qu’à la naissance,
Sous leur berceau de myrte aux nœuds voluptueux,
Contemplaient courroucés le couple monstrueux ;
Lucine s’indignait, dans sa cour isolée,
De n’être pas encor par l’épouse appelée,
Et l’Amour, appuyé sur son arc détendu,
Son flambeau renversé, le visage éperdu,
En voyant à sa loi cette femme rebelle,
Se plaignait à Vénus qui la faisait si belle.

« O vieillard, disait-il, tu gardes ce trésor,
Comme l’avare assis à côté de son or ;
Content d’avoir souillé sa pureté première
Et dans le sein du jour étouffé la lumière.
Et comment peux-tu donc, le matin, soutenir
Le dédain de ces yeux que tu n’as pu ternir ?
Vieillard, à deux genoux tu leur demandes grâce.
Alors que tu les vois te regarder en face,
Alors que tu les vois, vieillard, au point du jour,
Sans le beau cercle bleu, souvenir de l’amour ! »

Ainsi l’Olympe : ainsi dans leur cour éternelle
Les Dieux s’entretenaient de la chose mortelle,
Car ils se souvenaient, sous leurs sourcils divins,
D’avoir aimé jadis les filles des humains :
L’errante Io fuyant à travers les campagnes
Le céleste chasseur, aux cris de ses compagnes,
Europe s’attachant au col de son taureau