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Et qu’il a fait ses plaisirs favoris
De ces gothons qui se peignent un signe,
Je tourne bride & change ma consigne.
Loue avec nous, Amour, méchant garçon,
La gerbe d’or qui sera ta moisson ;
Viens, lorsqu’on suit les saintes jouvencelles
Qui vont tressant leurs voix à l’unisson,
Il sied de boire en l’honneur des pucelles.

Le parfumeur vend les Jeux & les Ris,
Et sous les yeux on se trace une ligne.
On badigeonne un front comme un lambris ;
C’est trop de luxe & je m’en sens indigne.
Qu’on me ramène à la feuille de vigne !
Oh ! quelle gloire, ignorer sa leçon !
Balbutier l’immortelle chanson !
Rien n’est cruel & divin comme celles
Que fait rougir un timide frisson :
Il sied de boire en l’honneur des pucelles.

Les vierges sont des cœurs & des esprits,
Et la candeur sereine les désigne.
Leurs francs appas sont comme un gai pourpris
Jonché de rose & de blancheur insigne :
Le lys les nomme & la neige les signe.
Leurs bras polis sont froids comme un glaçon
Et le Désir niche dans le buisson
De leurs cheveux, où brillent des parcelles