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LECONTE DE LISLE

KAÏN


POËME


En la trentième année, au siècle de l’épreuve,
Étant captif parmi les cavaliers d’Assur,
Thogorma, le Voyant, fils d’Élam, fils de Thur,
Eut ce rêve, couché dans les roseaux du fleuve,
À l’heure où le soleil blanchit l’herbe & le mur.

Depuis que le Chasseur Iahveh, qui terrasse
Les forts & de leur chair nourrit l’aigle & le chien,
Avait lié son peuple au joug assyrien,
Tous, se rasant les poils du crâne & de la face,
Stupides, s’étaient tus & n’entendaient plus rien.