Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/370

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Guettaient le tapir noir ou les roses flamants.
Les majas argentés & les boas superbes
Sous leurs pesants anneaux broyaient les hautes herbes,
Ou, s’enroulant autour des troncs d’arbres pourris,
Attendaient l’heure où vont boire les pécaris.
Et sur les bords du lac horriblement fertile,
Où tout batracien pullule & tout reptile,
Alors que le soleil décline, on pouvait voir
Les fauves par troupeaux descendre à l’abreuvoir :
Le puma, l’ocelot & les chats-tigres souples,
Et le beau carnassier qui ne va que par couples,
Et qui par-dessus tous les félins est cité
Pour sa grâce terrible & sa férocité,
Le jaguar. Et partout dans l’air multicolore
Flottait la végétale & la vivante flore ;
Tandis que des cactus aux hampes d’aloès,
Les perroquets divers & les kakatoès
Et les aras, parmi d’assourdissants ramages,
Lustraient au soleil clair leurs splendides plumages,
Dans un petillement d’ailes & de rayons,
Les frêles oiseaux-mouche & les grands papillons,
D’un vol vibrant, avec des jets de pierreries,
Irradiaient autour des lianes fleuries.

Plus loin, de toutes parts élancés, des halliers,
Des gorges, des ravins, des taillis, par milliers,
Pillant les monbins mûrs & les buissons d’icaques,
Les singes de tout poil, ouistitis & macaques,
Sakis noirs, capucins, trembleurs & sapajous,