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Fiévreux, il attend qu’apparaisse
Une forme au charmant contour,
Qui sur la margelle se baisse
Et se relève tour à tour.

Enfin, à l’heure accoutumée,
Pieds nus, chantant un gai refrain,
Il contemple sa bien-aimée
Qui vient remplir ses seaux d’airain.

Un instant la vie & sa flamme
Étincellent dans son regard ;
Puis tout s’éteint ; il perd son âme
Dès que la jeune fille part.

Car c’est la jeune Bigolante,
Qui prit son cœur sans le vouloir ;
Et la plébéienne insolente
Ne semble pas même le voir !


II


Sur un lit à colonnes torses,
Qu’abrite un baldaquin doré,
Le fils du doge gît sans forces,
Le front morne & décoloré.