Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/348

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



LES DEUX CHASSEURS


Par un étroit sentier des monts Hymalaya
Où du ciel on entend les saints Alleluia,
Deux hommes sont venus au-devant l’Un de l’autre.
Le premier est vêtu de blanc comme un apôtre,
Le second est couvert de toisons d’animaux,
Tous les deux sont altiers & tous les deux sont beaux.

« Où vas-tu, voyageur à la tunique blanche ?
Tu marches incliné comme une verte branche
Qui porte trop de fruits autour de ses rameaux.

— Où vas-tu, voyageur aux vêtements de peaux ?
Tu marches l’œil hagard comme un tigre qui flaire
La trace des chevaux empreinte en la poussière.

— Je vais par les ravins, & je gravis des rocs
Où les vautours géants s’endorment sur des blocs
Que des glaçons d’azur ont revêtus de franges.

— Je vais sur les sommets causer avec les anges ;
Et jamais ne m’arrête en mon divin parcours
Où je cherche sans cesse, où je trouve toujours.