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CLAUDIUS POPELIN



MEMENTO VIVERE


Sur le fleuve d’oubli, feuillages d’or séchés,
Tous nos moments heureux s’en vont loin de nos rives.
Le temps disperse au loin les heures fugitives
Ainsi qu’un tourbillon d’oiseaux effarouchés.

Mordons à belles dents aux fruits sur nous penchés ;
Laissons-nous entraîner aux douces récidives.
Sans doute, ce matin, nous sommes des convives,
Mais ce soir, à ma chère, où serons-nous couchés ?

Ah ! tenez, gardons-nous de perdre une caresse,
Un sourire, un regard, l’ombre d’une tendresse.
Biens dont le cœur épris en tout temps s’est repu.

Et, par Dieu, n’allons pas, gaspillant nos secondes.
Les égrener au vent, comme des perles rondes
Qui tombent d’un collier dont le fil est rompu.